Alimentation et cancer

Identifions les nutriments qui peuvent entretenir de meilleures fonctions cellulaires, rendre plus stable notre microbiote, redonner à notre système immunitaire l’énergie dont il a besoin afin de ne pas favoriser certaines pathologies en évolution constante, dont le cancer.

 

Les sucres

Dans le numéro précédent de PharmaVie magazine, quelques conseils macro-alimentaires et d’hygiène de vie pour freiner les opportunités de voir se développer des cellules cancéreuses ont ouvert le premier volet de cet article, en mettant l’accent sur la nécessité de réduire si possible le taux circulant de sucres dans le sang et/ou d’entretenir une activité physique pour les utiliser plus souvent. Activité physique qui augmente également l’oxygénation et la densité mitochondriale. Plus d’oxygène et plus de centrales énergétiques, c’est l’assurance d’un meilleur rendement et d’une moindre circulation des sucres, principale source énergétique des cellules cancéreuses !

 

Une question d’équilibre

L’autre paramètre que nous avions vu était la réduction de l’inflammation. Alors, quels nutriments gagnent à être consommés pour moduler ces terrains enflammés, oxydés, intoxiqués, glyqués... ?

Une de mes priorités irait vers l’équilibre des acides gras poly-insaturés. La densité alimentaire de l’alimentation en oméga-3 est capitale. Pour vos assaisonnements, ne vous privez pas d’un mélange d’huiles de colza, de cameline, de noix et d’olive. Graines de chia, de chanvre, de lin broyées, noix de Grenoble viennent quotidiennement en compléments, ainsi que les petits poissons gras pour ceux qui s’autorisent des sources animales (maquereaux, sardines, harengs...), mais surtout ne montrez jamais les huiles de tournesol, de maïs, de carthame, de pépins de raisins... à vos cellules cancéreuses !

 

Dans la même idée, attention aux graisses animales riches en acides gras oméga-6, et en un de ses dérivés ultimes, l’acide arachidonique, qui ouvre les portes de l’inflammation : viandes de porc, de mouton, d’agneau, de bœuf et leurs dérivés, les produits laitiers issus de ces animaux (beurre, crème, fromages, yaourts...). Une quantité raisonnable est tolérable, mais l’accumulation devient problématique, et malheureusement l’affichage industrielle n’est pas toujours transparent !

 Oui, c’est bien encore elle, la chaîne agroalimentaire, qui nous fournit le plus d’acides gras délétères en les modifiant par hydrogénation. Cette nouvelle configuration, appelée « Trans », se retrouve donc principalement dans les biscuits, les pâtisseries, les barres chocolatées, les viennoiseries, les pizzas, les quiches... Attention à l’accumulation de ces nutriments transformés !

 

De la couleur dans l’assiette !

Si la couleur attise nos photorécepteurs, elle est admirable quand elle sublime nos assiettes. Tous les aliments qui peuvent contenir des caroténoïdes naturels, comme le lycopène (rouge), la lutéine (de jaune à jaune orangé), la zéaxanthine (plutôt jaune), le bêta-carotène (orange) et surtout la fucoxanthine (couleur brune de certaines algues) sont bons à prendre. On connaît leur potentiel antioxydant, mais ils sont aussi anti-inflammatoires. Ils renforcent nos défenses immunitaires qui contrôlent nos mutations et freinent la prolifération de vaisseaux qui irriguent les tumeurs. Le lycopène a de nombreuse fois fait ses preuves dans le cancer de la prostate.

 

Recommandons ici, de manière non exhaustive : carotte, persil, épinard, patate douce, poivron rouge, cresson, pourpier, tomate, navet, petit pois, crucifère, potiron... Vert, jaune, orangé, pourpre des anthocyanes que l’on retrouve dans les fruits rouges (myrtille, framboise, mûre, cerise, raisin...) doivent à chaque repas colorer vos assiettes !

 

Des nutriments pour un bon fonctionnement

Les polyphénols, qui sont fabriqués par les plantes pour se protéger, nous permettent également de réduire notre oxydation et notre inflammation. Nous ne savons pas les fabriquer, malheureusement, et seule notre alimentation peut nous les fournir. Ils peuvent neutraliser certains minéraux agressifs, comme le fer, ils freinent les mutations, ralentissent la promotion des cancers et aident à la réparation cellulaire.

 

Citons les catéchines du thé vert, la quercétine de l’oignon, de la pomme, des baies, le resvératrol du raisin, le curcuma, le gingembre, l’ail, certains champignons, les algues et les fines herbes... Dans ces quelques lignes, il est bien évidemment impossible de mentionner les nombreuses études qui mettent en avant leurs potentialités régulatrices et également leurs propriétés protectrices vis-à-vis de certaines chimiothérapies agressives, et dans ce contexte sensible, il faut rester prudent à la lecture d’études qui révéleraient LE nutriment anticancer. Il n’y a pas une solution, mais un environnement plus protecteur qui regroupe, certes de nombreux végétaux, mais aussi une hygiène de vie et une maîtrise du stress !

Je vous conseillerai également de faire doser votre vitamine D3 et de vous supplémenter quotidiennement ou bi-hebdomadairement, si nécessaire, pour remonter des taux très souvent faibles. On a montré que certains métabolites de la vitamine D interféraient avec des récepteurs au niveau du noyau de nos cellules. Ce message codé amène à la synthèse de protéines régulatrices dans de nombreux cancers comme le sein, le côlon, les poumons, la peau...

 

Des besoins en énergie

Rappelons que l’énergie est capitale. Capitale pour notre équilibre nerveux, pour nos défenses, pour nos systèmes de réparation, et que les 2 principaux nutriments impliqués sont le magnésium (Mg) et le coenzyme Q10 (CoQ10). Je ne vous rappellerai pas les sources de Mg, qui sont bien connues, mais il faudra éviter celles riches en acides gras saturés et privilégier le cacao à 70 % minimum. Côté CoQ10, comme il est lipophile (se dissout dans les graisses), on le retrouve dans les viandes, les poissons, certaines huiles ou graines. On sait le fabriquer, mais les besoins sont souvent supérieurs aux apports, et il est parfois nécessaire de compléter une alimentation en fonction de son âge et/ou de pathologies cardiaques, hépatiques, rénales, pulmonaires... et cancéreuses. Il est recommandé de demander conseil à son pharmacien par rapport à la stratégie pour trouver le meilleur équilibre possible.

 

Par ailleurs, il convient d’insister sur tous les paramètres qui peuvent stabiliser notre microbiote intestinal. De nombreuse recherches mettent en avant son rôle protecteur sur de très nombreuses fonctions métaboliques et sur sa capacité à interagir avec des traitements de chimiothérapie. Nul doute que, demain, nous n’envisagerons pas la prise en charge d’un cancer sans « regarder » l’état de santé du microbiote...

 

Pascal Guerit

Docteur en Pharmacie

DU Diététique et Nutrition

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