L’eczéma

L’eczéma est une maladie inflammatoire chronique de la peau qui revêt plusieurs aspects. On y rattache souvent la « dermite irritative » dans laquelle on retrouve cette même inflammation de la peau mais causée par des agents irritants : acides, détergents, solvants, produits pétroliers, durcisseurs de plastiques… Dans ce cas, il n’y a pas le mécanisme initial d’hypersensibilité retardée, c'est-à-dire l’allergie. Le toxique irrite directement la peau, surtout si au préalable elle est fragilisée et si le contact est répété ou prolongé.

Dans la catégorie véritable eczéma, on trouve d’abord « l’eczéma de contact ». La peau se sensibilise à une substance, l’allergène par contact immédiat, le plus souvent localisé et limité au début. Mais à partir d’une plaque initiale petite, l’eczéma peut se généraliser en cas d’exposition répétée à l’allergène. L’exemple classique est l’allergie aux métaux, et plus particulièrement le nickel contenu dans les alliages de bijoux dits de fantaisie ou les boutons de jeans, mais aussi le ciment, le caoutchouc, les colorants, le baume du Pérou, la lanoline qui ne sont qu’une partie de la liste des agents responsables. Au début, il y a une simple rougeur précisément à l’endroit du contact, lobe d’oreille, doigt, peau du ventre avec des démangeaisons qu’on appelle prurit, puis apparaissent de fines vésicules, qui ensuite font place à un aspect croûteux et rugueux. La lésion peut s’étendre. Le diagnostic se fait chez le dermato-allergologue par la réalisation d’un « épidermotest » avec des patchs contenant les allergènes et mis en place 48 heures. Au moment du retrait, de la simple rougeur jusqu’à la cloque, c’est positif. En l’absence de traitement, à force d’inflammation chronique et de grattage, la peau s’épaissit, on parle de « lichénification », aspect proche de certains lichens. Dans certains cas, l’eczéma peut s’infecter, on parle d’impétiginisation. Vous pouvez imaginer que le traitement consiste d’abord en l’éviction de l’allergène une fois identifié. Pour le reste, nous le verrons avec la deuxième catégorie d’eczéma.

L’eczéma atopique, ou dermatite atopique

Très fréquent, il touche quasi 20 à 25 % des enfants et adultes jeunes. Le terrain, c’est l’atopie, une allergie héréditaire familiale, vis-à-vis des allergènes de l’environnement : pollens, acariens, poils d’animaux… Pour faire simple, cette allergie appelée hypersensibilité retardée, provoque, au niveau des différents émonctoires, de l’inflammation chronique. Pour la peau, c’est l’eczéma, Pour la muqueuse bronchique, c’est l’asthme, Pour le nez, c’est la rhinite allergique, pour les yeux, la conjonctivite, et pour l’intestin, l’allergie alimentaire. Il peut y avoir alternance entre un site et un autre. On parle souvent de syndrome dermo-respiratoire : lorsque l’eczéma s’améliore, l’asthme s’aggrave, et réciproquement.

La maladie apparaît dès les premières semaines de la vie : peau sèche (xérose), démangeaisons (prurit), rougeur (érythème), lésions de grattage jusqu’au sang, rugosité de la peau… Avant deux ans, les lésions sont symétriques et se situent sur les parties convexes du corps, joues, bras, cuisses. Après deux ans, on les trouve sur les plis de flexion, les coudes, les genoux, les poignets, les chevilles, les mains… Les poussées se répètent surtout au printemps, et l’eczéma devient chronique : lichénification. Si la maladie se prolonge chez le jeune adulte, elle touche surtout le visage, le cou, le tronc. La sécheresse cutanée et le prurigo sont au premier plan.

Si l’on regarde un peu derrière nous, on constate que l’atopie est en constante augmentation. Exceptionnelle au 19siècle, elle touchait 5 % des enfants en 1960, pour atteindre 20 à 25 % de nos jours. La raison génétique n’a probablement pas changé. En revanche, la pression environnementale en termes d’allergènes et d’agression toxique a considérablement augmenté. L’atopie est une rupture active de la tolérance à l’environnement ! À la prédisposition génétique viennent s’ajouter les polluants, dioxyde de soufre, tabac, suie, les allergènes animaux, alimentaires, acariens et pollens issus de plantes monstrueusement modifiées par la main de l’homme, ceci expliquant cela !

Et la peau, dans tout ça ?

Lorsqu’elle va bien, à la campagne sans pollution, pas trop abîmée par les produits chimiques, les lavages trop fréquents, bien alimentée de l’intérieur par une alimentation saine et riche, alors elle possède une flore bactérienne équilibrée qui repousse les microbes, une couche cornée solide qui fait barrière et retient l’eau, et des couches profondes bien vivaces bourrées de systèmes de défense et de régénération. Dans le cas contraire, si elle est agressée, maltraitée ou malade en cas d’eczéma, elle perd sa fonction de barrière, laisse passer tous les toxiques et allergènes de l’environnement, l’inflammation s’installe, et c’est un cercle vicieux.

Dans tous les cas, la xérose (sécheresse cutanée) est le premier élément fondamental qui fait le lit de l’eczéma atopique.

Le traitement

Il consiste d’abord à restaurer le rôle de barrière de la peau en la graissant tous les jours, y compris et surtout dans les périodes où il n’y a pas d’inflammation. C’est le meilleur moyen d’éviter qu’elle ne s’installe ! Se tartiner plusieurs fois par jour avec des crèmes dermatologiques et autres émollients est la première chose que l’on apprend en éducation thérapeutique en centre spécialisé pour traiter l’eczéma. Le socle, c’est donc de graisser la peau, mais, en cas d’eczéma en poussée inflammatoire, il faut traiter avec des dermocorticoïdes. La principale cause d’échec du traitement est la phobie du grand public vis-à-vis des crèmes à base de cortisone. Il faut une dose, une fréquence et une durée adaptées pour avoir un résultat. Les différents produits sont choisis en fonction de l’âge, la localisation et les caractéristiques de la lésion. La pire façon de faire serait de ne pas en mettre assez, pas assez longtemps, ou bien un peu de temps en temps. C’est la meilleure façon de créer de la dépendance ou de la résistance au traitement. La principale cause de récidive de l’eczéma est due à l’insuffisance du graissage quotidien, surtout par temps froid et sec. Au traitement local, on peut ajouters des anti-histaminiques par voie orale, et suivre quelques conseils : pas de vêtements synthétiques, de tabac, de piscines chlorées, de gels douche chimiques… On peut aussi traiter l’environnement contre les acariens, éviter les animaux domestiques… et si tout ça ne fonctionne pas, alors on revoit les fondamentaux, c'est-à-dire qu’on réapprend à appliquer la crème !

Deux remarques : l’eczéma évolue par poussées, il est classique de déclencher une crise à la suite de stress psychoaffectifs existentiels. Il n’est pas interdit d’explorer la contribution des thérapeutiques psychologiques ou alternatives dans la mesure où elles ne conduisent pas à la phobie des traitements recommandés. Je suis plus méfiant vis-à-vis des traitements locaux alternatifs, car il est souvent bien compliqué de trouver une crème ou pommade bien tolérée parmi celles qui sont testées, donc attention à celles qui ne le sont pas !

De plus, laissez-moi vous vanter les bienfaits de l’hygiène de vie : activité physique, « no stress », alimentation propre… C’est la clef de la santé ! L’actualité épidémique actuelle le souligne encore une fois. Plus on encrasse le corps, plus il a besoin de se décrasser, pourquoi pas en déclenchant une maladie… de peau ?

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