Pour un sommeil de plomb…
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La découverte des antibiotiques au cours du XXe siècle a permis de faire reculer la mortalité liée aux maladies infectieuses. Mais aujourd’hui, leur usage massif et constant a contribué à l’expansion de bactéries devenues résistantes aux antibiotiques.
Exposées aux antibiotiques, les bactéries évoluent et développent des mécanismes de défense. Qu’il s’agisse de bactéries pathogènes ou de bactéries inoffensives naturellement présentes dans les organismes vivants et dans l’environnement, une fois cette résistance acquise, elle peut se disséminer chez d’autres espèces bactériennes, rendant les antibiotiques inefficaces à soigner des infections à bactéries résistantes. En outre, qu’elle soit issue d’une mutation spontanée ou favorisée par l’exposition aux antibiotiques, la résistance alors inscrite dans les gènes de la bactérie se transmet à sa descendance.
Une accélération inquiétante
L’antibiorésistance n’est pas un phénomène nouveau. Les premières résistances à la pénicilline, le premier antibiotique, sont présentes dès 1940. Les premières bactéries multirésistantes datent des années 70, et, depuis les années 2000, ce sont des bactéries hautement résistantes qui sont apparues. Ce grave problème de santé publique mondial s’est ainsi accéléré, et les progrès de la médecine seraient remis en question si l’antibiorésistance continuait sa progression, en médecine de ville pour soigner une infection courante, mais aussi en médecine vétérinaire ou hospitalière. Notamment lors des interventions chirurgicales, qui nécessitent de réduire les risques infectieux associés grâce aux antibiotiques. Si, pendant longtemps, la majorité des cas de résistance étaient circonscrits à l’hôpital, le problème s’étend de plus en plus à la médecine de ville. Au détour d’antibiothérapies pour un traitement banal, une espèce bactérienne intestinale peut développer une résistance. L’antibiotique détruit la flore bactérienne associée, et laisse la place à la bactérie résistante qui se développe. Cette dernière se diffusera par voie manuportée, plus ou moins rapidement selon le niveau d’hygiène de la population.
Un usage inadapté
On peut lutter contre ce problème de résistance en évitant des traitements antibiotiques inutiles. Les antibiotiques ne sont efficaces que contre les bactéries. Des tests de dépistage rapides permettent de déterminer par exemple si une angine est bien d’origine virale, ce qui ne nécessite pas un traitement antibiotique, pourtant souvent associé à cette pathologie. En cas d’infection bactérienne, des tests de diagnostics permettent de savoir à quelles molécules réagit la bactérie responsable de la pathologie du patient. Ainsi, le médecin pourra éviter l’utilisation systématique d’antibiotiques récents ou à large spectre, dès lors que d’autres, plus courants ou à spectre plus réduit, seront aussi efficaces. Il est également nécessaire d’adapter le traitement aux besoins en limitant sa durée au strict minimum.
Un problème global
Ce phénomène de résistance qui s’accélère est dû au mauvais usage et à la surconsommation des antibiotiques, tant pour la santé humaine que pour la santé animale. Si en France, depuis 2006, en parallèle de visées thérapeutiques, leur utilisation systématique à faibles doses comme facteurs de croissance chez les animaux est interdite, d’après l’OMS, plus de la moitié des antibiotiques produits à l’échelle mondiale est destinée aux animaux. Par ailleurs, les bactéries multirésistantes issues des élevages peuvent se transmettre à l’homme directement ou par l’intermédiaire de la chaîne alimentaire. En étant rejetées pour une partie dans les déjections, leur présence se retrouve également dans les cours d’eau, voire dans les nappes phréatiques. Pour l’agence Santé publique France, « l’antibiorésistance concerne les humains, mais également les animaux et l’environnement qui sont interconnectés et forment un tout. La lutte contre l’antibiorésistance nécessite donc une action globale : une seule santé, une seule planète ».
L’administration répétée d’antibiotiques chez l’homme et l’animal rend ceux ultérieurs moins efficaces pour la collectivité. La maîtrise de la résistance aux antibiotiques dépend de leur meilleure utilisation, mais aussi de mesures de prévention pour limiter la transmission bactérienne.
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