Pipi au lit : savoir entendre l’impact psychologique

À 5-6 ans, votre enfant mouille ses draps deux ou trois fois par semaine ? Il souffre très probablement d’énurésie. S’il n’a pas conscience sur le moment qu’il fait pipi au lit, il en subit néanmoins les conséquences au réveil le matin.

 

Quel en est l’impact au niveau psychologique ? Comment amorcer le dialogue pour aboutir à une prise en charge ? Les explications du Dr Brigitte Llanas, praticien hospitalier au CHU de Bordeaux, spécialisée en pédiatrie.

 

L’énurésie, ou « le pipi au lit », répond à une définition précise. « Il s’agit d’une miction involontaire totale survenant pendant le sommeil et qui intervient après l’âge de l’acquisition de la propreté. C’est-à-dire après 5 ans en général », explique le Dr Brigitte Llanas. « Les spécialistes parlent d’énurésie primaire quand l’enfant n’a jamais été propre, et secondaire quand il a acquis la propreté nocturne pendant plus de 6 mois. »

 

L’énurésie toucherait environ 5 % des enfants. Lesquels trop souvent souffrent en silence. Car oui, faire pipi au lit après 5 ans impacte le bien-être des petits. « Ils ne sont pas pris au sérieux. Parfois, les frères et sœurs plus grands se moquent d’eux, les réduisant à leur rôle de petit, de bébé à sa maman », précise le Dr Llanas. « Je me rends compte en consultation qu’ils ont perdu confiance en eux et se sentent seuls. »

 

Et quid du rôle des parents ? Doivent-ils amorcer le dialogue à ce sujet ? « Les parents en général évoquent le problème avec leur enfant, mais de manière maladroite. Par exemple sous forme de moquerie, de punition ou en surprotégeant leur enfant. Bien entendu, ce n’est pas avec ces méthodes que le petit va reprendre confiance en lui. En fait, le rôle des parents est assez simple, ils doivent être à l’écoute. Et l’accompagner chez un médecin. »

 

Mission : reprendre confiance

Notre spécialiste estime en effet que c’est à l’enfant de se prendre en charge, en lien avec le médecin. « Il faut savoir parler aux enfants souffrant d’énurésie, choisir les bons mots, c’est vraiment ce qu’il y a de plus important pour la réussite de la prise en charge. Dans un premier temps, il est nécessaire de dédramatiser, lui dire « tu n’es pas malade, ce n’est pas grave, tu n’es pas tout seul dans ce cas ». Il faut aussi s’intéresser à lui de manière globale sans forcément parler du pipi au lit pour le mettre en confiance. »

 

L’objectif donc, c’est de trouver les ressorts psychologiques qui permettront aux enfants de reprendre confiance en eux. « L’énurésie cache bien souvent d’autres problèmes passés sous silence », indique le Dr Llanas. « J’ai de grands ados ou des enfants qui sont venus consulter. Des années plus tard, ils me disent avoir vécu l’enfer, ils avaient honte, se sentaient sales, pas compris. Aujourd’hui, ils sont hyper contents de ne plus faire pipi au lit. Ils se sont responsabilisés et ont gagné en confiance. »

 

Quelle prise en charge ?

« Nous constatons que la première consultation est souvent trop tardive », précise le Dr Lottmann. « En réalité, le motif pour aller voir son médecin relève d’un facteur déclenchant, comme un départ en colonie de vacances, en classe verte ou tout simplement l’invitation d’un camarade à dormir. »

 

Une consultation qui peut paraître longue, mais indispensable

« Nous débutons par un interrogatoire nécessaire pour préciser les caractéristiques de l’énurésie, mais aussi connaître d’éventuels antécédents familiaux. Nous devons également savoir quelles sont les habitudes de l’enfant en matière d’hydratation, de mictions au cours de la journée. Nous procédons ensuite à un examen clinique pour repousser d’autres causes », précise le Dr Lottmann. « Quand on pose le diagnostic d’énurésie, nous devons expliquer et rassurer les parents. Si votre enfant fait pipi au lit la nuit, ce n’est pas de sa faute, ce n’est pas un problème psychologique. Mais uniquement physiologique. Nous devons aussi informer les enfants, les aider, les accompagner, les motiver. Ce dernier point est indispensable pour prendre en charge l’énurésie. »

 

Des règles hygiéno-diététiques à suivre à la lettre

En effet, l’enfant devra se plier à des règles hygiéno-diététiques, reposant sur une hydratation régulière tout au long de la journée, des mictions diurnes et une restriction des boissons le soir. « Le respect de ces règles est la base de la prise en charge, et permet déjà d’améliorer l’estime de soi. Dans 20 % des cas, l’enfant pourra ainsi se débarrasser de son pipi au lit. » Pour les 80 % restants, une solution thérapeutique leur sera proposée, nécessairement associée aux règles hygiéno-diététiques pour être efficace.

 

Pour le Dr Lottmann, « il ne faut surtout pas banaliser le problème ». L’énurésie se prend en charge. C’est une affection et un état pathologique qui peuvent persister jusqu’à l’adolescence, et même à l’âge adulte. Pour davantage d’informations, consultez le site www.pipi-au-lit.net. Élaboré par le laboratoire Ferring, pratique et ludique, il offre des espaces spécifiques aux parents et aux enfants. Vous y trouverez des conseils et des explications clairs, sous forme notamment de vidéos.

 

Emmanuel Ducreuzet

(encadré)

Malgré d'importantes variations d'un enfant à l'autre :

  • la première année, l'action d'uriner est pour bébé un réflexe, déclenché par la pression dans la vessie, au-delà d'un certain seuil ;
  • à partir de la fin de la première année, l'enfant urine de manière consciente et volontaire. Il signale qu'il a envie d'uriner par des mots ou des gestes ;
  • vers 18 mois, il peut dire à ses parents s'il est mouillé. Il apprend vite où et quand il doit uriner ;
  • à deux ans, l'enfant peut être propre pendant la journée ;

à partir de trois ans, la miction se régule automatiquement. L'enfant peut, en principe, dormir en toute sécurité. En cas d'envie, il contracte volontairement le sphincter et les muscles du périnée. À trois ans, 15 à 20 % des enfants ont acquis la propreté nocturne, et 90 % à cinq ans.

 

 


Lottman. Observatoire français sur les répercussions et la prise en charge de l’énurésie nocturne chez l’enfant et l’adolescent. Médecine&Enfance – Juin 2009 ; 29(6) : 3-6.

 

 

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